Quatrième de couverture :
La ballade de Lila K, c’est d’abord une voix : celle d’une jeune femme sensible et caustique,
fragile et volontaire, qui raconte son histoire depuis le jour où des hommes en noir l’ont brutalement arrachée à sa mère, et conduite dans un Centre, mi-pensionnat mi-prison, où on l’a prise en
charge.
Surdouée, asociale, polytraumatisée, Lila a tout oublié de sa vie antérieure. Elle n’a qu’une obsession :
retrouver sa mère, et sa mémoire perdue.
Commence alors pour elle un chaotique apprentissage, au sein d’un univers étrangement décalé, où la sécurité
semble désormais totalement assurée, mais où les livres n’ont plus droit de cité.
Au cours d’une enquête qui la mènera en marge de la légalité, Lila découvrira peu à peu son passé, et
apprendra enfin ce qu’est devenue sa mère. Sa trajectoire croisera celle de nombreux personnages, parmi lesquels un maître érudit et provocateur, un éducateur aussi conventionnel que dévoué, une
violoncelliste neurasthénique en mal d’enfant, une concierge vipérine, un jeune homme défiguré, un mystérieux bibliophile, un chat multicolore...
Roman d’initiation où le suspense se mêle à une troublante histoire d’amour, La ballade de Lila K est aussi un livre qui s’interroge sur les évolutions et possibles dérives de notre société.
Mon avis :
Lila est très jeune lorsqu'on la sépare de sa mère et le livre commence très fort par cette séparation et l'ultime regard d'amour de cette mère pour son enfant. Ce passage qui débute le livre est très émouvant et je me suis retrouvée le coeur serré dès la première page.
Elle est emmenée dans un centre dans lequel elle est rééduquée, opérée, instruite. On découvre ainsi que sa petite enfance n'a pas été toute rose. Et pourtant ..... Toute sa vie elle voudra retrouver sa mère et savoir ce qui lui est arrivé, Lila est volontaire, courageuse et patiente. Sa vie dans le centre est très détaillée et très intéressante, ses éducateurs seront patients et respectueux.
J'ai beaucoup aimé la façon dont est racontée cette histoire et dont les sentiments sont retransmis "Je souffrais encore plus qu'avant, lorsque je n'avais qu'un deuil au coeur. Maintenant qu'ils étaient deux, je me demandais si j'arriverais à les porter ensemble. Ca commençait à être vraiment lourd, toutes ces larmes qui se déversaient en moi, sans faire le moindre bruit."
Lila ne supporte pas les contacts physiques mais va devoir faire des efforts surhumains pour y arriver et pouvoir sortir de ce centre "Si je voulais avoir une chance de quitter le Centre un jour pour retrouver ma mère, il faudrait en passer par là : les contacts poisseux, les haleines douteuses, la tiédeur malsaine, tout ce frotti-frotta répugnant qu'implique forcément la vie en société. Comment imaginer pouvoir y échapper."
C'est une histoire très réaliste même si on se rend compte progressivement qu'elle se passe à une autre époque que la notre, dans quelques dizaines d'années. Et horreur ! les livres sont proscrits, il faut mettre un masque et des gants pour les manipuler. Mais Lila tombe amoureuse des livres grâce à l'un de ses éducateurs qui a un esprit subversif et elle ne lâche plus les livres. "Je me moquais un peu du contenu des livres. Ce que je recherchais, surtout, c'est le pouvoir qu'ils m'accordaient. J'arrivais grâce à eux à m'abstraire de ma vie. J'oubliais le Centre, sa routine et son lot de contraintes épuisantes. J'oubliais qu'on m'avait confisqué ma maman. J'étais ailleurs, loin du monde, loin de moi. C'est parfois reposant de se perdre de vue."
Et après des années passées au Centre, Lila sort enfin, trouve un travail et fait des efforts incroyables pour côtoyer du monde. Mais ce n'est pas simple, dans cette société les gens sont sous surveillance presque constante, et ce n'est donc pas facile de faire des recherches sur sa mère dans ces conditions.
D'autant plus que Lila habite intra-muros et qu'à l'extérieur de ces murs se trouve "la Zone" où il semble que ce soit la jungle et où personne n'est en sécurité. Mais Lila est obstinée, elle prend son temps mais elle veut y arriver et elle va y arriver.
J'aime beaucoup la façon d'écrire de Blandine Le Callet, j'ai plongé dans cette histoire pour n'en ressortir qu'à la fin après des passages très forts en émotion. On suit Lila d'année en année, sans se lasser un seul instant, en souhaitant qu'elle s'en sorte, c'est un personnage assez extraordinaire avec une grande ténacité et une volonté à toute épreuve.
Ce livre a été chroniqué dans le cadre de la rentrée littéraire 2010 en partenariat avec . Merci !