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Quatrième de couverture :
« Ce sont eux qui décident. Pas moi. Je suis complètement dépendant de la cadence de la chaîne. »
Erwan est ouvrier dans un abattoir près d'Angers. Il travaille aux frigos de ressuage, dans un froid mordant, au rythme des carcasses qui s'entrechoquent sur les rails. Une vie à la chaîne parmi tant d'autres, vouées à alimenter la grande distribution en barquettes et brochettes. Répétition des tâches, des gestes et des discussions, cadence qui ne cesse d'accélérer... Pour échapper à son quotidien, Erwan songe à sa jeunesse, passée dans un lotissement en périphérie de la ville, à son histoire d'amour avec Laëtitia, saisonnière à l'abattoir, mais aussi à ses angoisses, ravivées par ses souvenirs. Et qui le conduiront à commettre l'irréparable.
Jusqu'à la bête est le récit d'un basculement, mais également un roman engagé faisant résonner des voix qu'on entend peu en littérature.
Mon avis :
L'auteur a écrit un roman social, sombre, qui se déroule dans un contexte économique difficile.
Erwan travaille dans un abattoir et les descriptions sont très réalistes, on s'y croirait. Il est usé avant l'heure, le rythme est abrutissant.
"Me perdre dans le boulot. Dans le bruit. S'abrutir de bruit. S'abrutir de sang. S'abrutir de froid. Se glisser entre les vaches mortes. Se faufiler parmi les cadavres" p.30
Heureusement il y a la famille de son frère qui lui apporte un peu de douceur et puis Laëtitia qui lui offre une parenthèse enchantée.
"Laëtitia, les barbecues avec Jo, Audrey et les filles les dimanches après-midis. M'évader le week-end, pour oublier un peu l'usine, pour oublier le tintamarre de la chaîne. Mon réservoir à pensées heureuses" p.33
En fait il travaillait dans un abattoir car depuis "l'évènement" il est en prison, son voisin de chambre regarde la télé en permanence.
"et c'est face à ces rêves cathodiques que je tente de faire surface, de m'en recréer à moi aussi, des rêves, des rêves pour dans seize ans, si tout se passe bien, dans seize ans, quand je pourrai sortir et retrouver les beaux souvenirs du passé." p.100
L'auteur alterne le passé et le présent pour nous faire comprendre comment et pourquoi Erwan en est arrivé là.
"j'ai fini par trouver ce boulot à l'usine. Quinze ans d'absurdité. D'absurdité de la vie, où tout n'est qu'attente. Attendre la fin de la journée. La fin de la nuit. La fin de la semaine. Attendre les vacances. Attendre la retraite." p.48
Les phrases sont souvent courtes et percutantes, ce style haché se prête très bien au sujet du roman et à la dérive d'Erwan.
Un travail inhumain, brutal, un manque de considération et Erwan va plonger.
Tentée par ce roman car il se passe dans ma région, je savais que j'allais reconnaître certains lieux évoqués (mais bon Pornic en Vendée non !!!!).
Ce roman est brutal, il nous fait part d'un contexte social difficile mais malgré cela il se lit vraiment facilement tout en ne laissant pas du tout indifférent.
Livre emprunté à la

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sylire 18/03/2018 21:15
Sandrine(SD49) 20/03/2018 18:56